Faire du foin quand il pleut - piano4songs

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Séchoir à foin

Voici une idée simple et relativement bon marché pour un fermier qui veut faire du lait de foin : un séchoir à foin qui utilise  une serre ou un hangar afin que  la fenaison se fasse sans se soucier de la pluie. Elle permet de faire du foin  début mai en Belgique, alors que le temps est encore très variable  et frais.  On obtient alors un foin aussi riche qu'un ensilage mais sans en avoir les inconvénients.

Son principe est très simple : Le fermier dépose l'herbe à  sécher sur le sol d'une serre ou d'un hangar en une couche uniforme de  30 à 60 cm d'épaisseur. Il la retourne régulièrement.  L'air dans la serre ou le hangar est renouvelé continuellement avec un  ou deux petits ventilateurs à faible consommation.

Voici une vidéo relatant notre tout premier essai de séchage  du foin dans une serre :  https://www.youtube.com/watch?v=pmEh3H3u998&t=278s

Dans la vidéo, on ne voit pas de ventilateur. Marc a pu s'en passer  parce qu'il a relevé les bords inférieurs de la couverture en  plastique. Il a utilisé un aérateur d'andain. Cette machine détruit  les feuilles de légumineuses, surtout quand le foin est presque sec,  tandis qu'un préfané sera moins fragile. Arvalis, l'Institut français  pour le Végétal, nous dit qu'avec ce genre de machine, on a une  perte de 19 à 32 % de fourrage, et plus spécialement ses parties  les plus riches, les feuilles.

J'avais mis beaucoup d'espoir dans l'andaineur à peigne https://www.youtube.com/watch?v=W6bT8LuAUOg&t=130s  pour retourner le foin à sécher dans notre hangar, car je disais  que, comme les peignes sont en diagonale dans le sens de la marche, il y a translation  latérale du foin le long des peignes, et ce foin rencontre le foin qui  arrive frontalement du fait de l'avancement de la machine. Il devrait donc y  avoir un bon mélange.

Mais je me suis rendu compte que ce transfert était exactement le  même que celui de l'andaineur soleil. Or, celui-ci est connu pour ne pas  bien sécher le foin du fait que ce qui est au centre du boudin y reste constamment et ne vient donc jamais à l'air libre. J'abandonne  donc l'idée de retourner le foin dans le hangar avec un andaineur à  peignes.

Je proposerais plutôt une plaque inclinée sur laquelle le foin à sécher monte, pour ensuite tomber derrière cette plaque sur une autre plaque verticale qui est arrondie et qui oscille d'avant en arrière :
                             
Pour bien mélanger le foin, et ainsi mettre chaque partie du fourrage en contact avec l'air, il faut un élément irrégulier dans le système, et cet élément est la petite plaque oscillante à l'arrière de la machine sur laquelle le foin tombe. Ce traitement du foin devrait être très doux et devrait éviter la destruction des légumineuses.

Un rêve d'écologiste un peu trop idéaliste ? Pourtant,  des serres servent à sécher des boues industrielles :



Nous verrons plus loin qu'une serre permet de sécher autant d'hectares  qu'un grand séchoir en grange.

Le foin présente de nombreux avantages par rapport aux ensilages :  il est plus léger et plus agréable à manipuler que l'ensilage  et ne présente pas les risques de listériose et de contamination  des produits laitiers par les germes butyriques, risques très réels  avec l'ensilage. Il suffit qu'un rat fasse un trou dans la bâche recouvrant  le silo d'herbe pour que le fourrage moisisse et contienne des listerias qui  sont mortelles pour l'homme comme pour les bêtes. Et que doit faire le  fermier avec tout ce fourrage moisi ? Si on fait de l'ensilage, c'est surtout pour une question climatique,  car il permet de faire la récolte plus rapidement, en deux jours, alors que le fourrage  n'est qu'à moitié sec. L'ensilage nécessite des couvertures  en plastique qu'il faut éliminer après usage. Cette mise en décharge  a un coût pour le fermier et pour l'environnement. Pour éviter l'échauffement  de l'ensilage, il faudra que le front d'attaque avance suffisamment vite. C'est  un souci permanent pour l'éleveur. L'éleveur qui nourrit au foin  n'a pas ce souci ni les autres inconvenients.

Si tous les éleveurs faisaient du foin, Idelux, l'intercommunale  de la Province de Luxembourg en Belgique n'aurait plus de problème pour  évacuer les 2.500 tonnes de plastiques agricoles par an don't elle a  la gestion  sur un territoire de 55 communes. Parmi ces 2.500 tonnes, 63 % sont  des films d'enrubannage, 23 % des bâches de silos et 14 % des ficelles  et filets de balles rondes. Ces plastiques coûtent à Idelux 112  €/tonne en 2020 mais ne lui rapportent que 12,54 €/tonne.  On peut d'ailleurs se demander  si, avec une méthode de fenaison sûre,  la culture d'herbe  ne replacera pas la culture du maïs-fourrage. En effet, le lait de foin  est de bien meilleur qualité gustative que le lait fait avec du maïs. Connaissant l'industrie alimentaire, les éleveurs faisant du lait de  foin ne seront pas mieux rémunérés, mais ce seront les  éleveurs qui donnent du maïs à leurs bêtes qui seront  pénalisés. De plus, les pays asiatiques ne veulent plus accepter  nos déchets de plastiques qui deviendront un problème insoluble.  Dans ces conditions, la destruction des couvertures agricoles en plastique coûtera  cher aux fermiers, ce qui handicapera la rentabilité de la culture du  maïs alors que cette charge n'existe pas si on fait du foin.

Sécher du foin au sol demande une longue période de beau temps  qui n'arrive généralement pas lorsque l'herbe a sa valeur alimentaire  maximum. On peut ventiler le foin en grange, mais cela demande un source de  chaleur  qui peut provenir de la chaleur du soleil récoltée sous  un toit, mais qui donne une augmentation de température peu élevée ou qui est fournie par les énergies fossiles  ou la biométhanisation. L'avantage de l'installation que je vais décrire  par rapport aux séchoirs avec biométhanisation du lisier est qu'elle  ne travaille pas au dépens de l'humus des sols. Avec la biométhanisation,  la terre agricole va s'appauvrir. Le séchage que je propose ne se fait  pas non plus au détriment de cultures vivrières. Il existe aussi  actuellement des séchoirs utilisant un déshumidificateur fonctionnant  avec  une pompe à chaleur : l'humidité de l'air se condense  sur  la paroi froide de la pompe à chaleur et est évacuée. Ensuite,  cet air asséché se réchauffe sur la paroi chaude de la  pompe à chaleur, augmentant ainsi son pouvoir desséchant. Cette  pompe à chaleur consomme de l'énergie, ce qui n'est pas le cas  de mon séchoir, si ce n'est les ventilateurs, ce qui est vraiment peu.  Il existe aussi le séchage en grange où l'air se réchauffe  sous le toit de la grange exposé au soleil. Mais dans les pays à climat modérément tempéré,  l'accroissement de la température de l'air de séchage n'est pas  très important, les ventilateurs sont énergivores, car ils  doivent pouvoir traverser des épaisseurs de foin de plusieurs mètres  et la charpente est très coûteuse. Sous le toit, l'accroissement  de température n'est déjà pas très important, mais  en plus, l'air se refroidit en parcourant les conduits qui amènent l'air  sous le tas de foin (1 °C perdu par 10 mètres de canalisations en  béton). Dans notre serre ou notre  hangar, l'air réchauffé par le soleil est directement et  constamment en contact avec le foin.

Combien de fois n'avons nous pas connu la situation où, après  trois jours de beau temps, il pleut le quatrième jour sur la prairie  où séchait le foin, pas grand chose, une petite pluie mais suffisante  pour compromettre la fenaison. Le but de l'installation décrite ci-après est de faire du foin  sans risque de pluie. En Belgique, des périodes de 2 jours de beau  temps sont assez fréquentes. Au-delà de 2 jours, c'est plus aléatoire.  Donc, il faut avoir rentré le fourrage à  l'abri de la pluie  en 2  jours. Sitôt dans la serre ou  le hangar, le foin  est à l'abri de la pluie. Si ensuite, le temps est variable, donc avec  des averses,  la serre  chauffe suffisamment pendant les éclaircies . De toute façon il  n'est  pas possible de récolter un préfané pendant  une longue période de pluie. Et si la pluie intervient après  2 jours, alors que le foin dans la serre n'est pas encore complètement sec, elle ne  dure jamais de façon continue plus d'un jour avant que des éclaircies  apparaissent. Il suffit alors de prolonger le séchage d'un ou deux jours  pendant lesquels ces éclaircies seront suffisantes pour sécher  ce qui reste à sécher. Le soleil étant gratuit, cela ne  coûte pas plus cher.

Ce qu'il faut bien remarquer avec le séchage en serre ou en hangar, c'est que seule  la surface supérieure du foin sèche, celle qui est en contact  avec l'air, mais que cette surface sèche très bien, même  sans soleil. Par contre, les couches inférieures sèchent très  peu. Il faudra donc retourner le foin toutes les 2  ou 3 heures dans la serre,  mais toutes les heures vers midi. Cela  demande donc un peu d'organisation mais c'est un petit travail qui ne dure de  5 ou 6 minutes. Il devrait être possible d'automatiser le retournement  du foin, spécialement si le séchage se fait dans un grand hangar,  en tirant un aérateur d'andains (aérofaneur) avec un pont roulant  qui le fait circuler de façon autonome. Mais ce n'est probablement pas  nécessaire, puisqu'un éleveur doit toujours être auprès  de ses bêtes.
Une serre d'une largeur de 8,50 m a une  largeur exposée aux rayons du soleil de 8 mètres. La documentation  sur les panneaux photovoltaïques nous dit qu’en Belgique, chaque mètre  carré reçoit 1.000 kWh/an d’énergie du soleil. En hiver,  il y a peu de soleil; en été, baucoup. Donc, prenons 200 jours  d’ensoleillement convenable par an. Donc, par jour de la belle saison, chaque mètre carré  reçoit en moyenne 5 kWh. Cela peut aller jusqu’à 7 kWh en plein  été.

Le panneaux  thermiques constitués de tubes dans lesquels un  liquide caloporteur passe ont un rendement de 40 %. Supposons que dans la serre,  40 % du soleil incident puisse entrer. Donc, 5 kWh * 0,40 % = 2 kWh entrent  effectivement dans la serre.

Si la serre a 30 mètres de long, la surface de plastique exposée  au soleil est donc 30 m long * 8 m  = 240 m².

Par jour, la serre emmagasine 240 m² * 2 kWh/m² = 480 kWh. C'est  vraiment beaucoup.

Osons une petite comparaison un peu farfelue. Un m² de panneau photovoltaïque  produit 200 kWh en 250 jours sur l'année. Par jour, il produit donc 0,8  kWh.  Une voiture électrique consomme 15 kWh aux 100 km. Notre serre a une  surface exposée au soleil de 30 m * 8 m = 240 m² et reçoit  donc environ 200 kWh / jour si elle a le même rendement que des panneaux  photovoltaïques. Si c'était possible, elle permettrait donc  de faire rouler une voiture électrique sur 200 kWh/jour * 100 km / 15  kWh/100 km = 1.333 km en un jour. En réalité, une serre  se rapproche plus d'un panneau solaire thermique qui a un rendement double des  panneaux photovoltaïques, et donc, si c'était possible, notre serre devrait permettre de faire  rouler une voiture électrique sur 2.666 km  par jour. Nous voyons  donc l'importance de l'apport de chaleur dans une serre et nous laisse donc  supposer qu'elle doit bien sécher le foin.

Dans une serre fermée en plein soleil, la température dépasse  50 °C. Notre foin à sécher ne pourra dépasser 40 °C  pour ne pas détruire ses éléments nutritifs.Il faudra donc  ventiler la serre au moyen d'un ventilateur hélicoïdal, mais aussi  pour évacuer l'humidité qui s'est dégagée de l'herbe  à sécher.

L'avantage d'une serre est qu'on peut faire du foin début mai lorsque  l'herbe est très jeune et qu'elle contient beaucoup protéines.  Cela permet d'éviter l'achat de soja, et donc d'empêcher la déforestation  de l'Amazonie, à l'instar de ce fermier  qui dit ne plus connaître le prix du soja :https://www.youtube.com/watch?v=g95sQ_qAwTg

Serres tunnel en plastique

La serre tunnel SRK 8,50m de Filclair-Belgique a une hauteur de 4,75 m   et a une hauteur libre de passage de 3,50 m sous les traverses  intérieures.  Si les machines ne sont pas trop grandes, il est possible d'y entrer.   Avec cette serre, le foin est fané sur la prairie pendant un jour et  demi puis récolté lorsqu'il a encore  40 % d'humidité. Il peut être récolté puis déposé dans la serre  avec une autochargeuse.

On peut se demander si les rayons ultra-violets du soleil ne vont pas détruire  les vitamines dans le foin se trouvant dans la serre. Comparons l'hectare de  foin séché sur la prairie et ce qu'il devient lorsqu'il est dans  la serre. Sur la prairie, ce sont 50 ares qui sont exposés au soleil.  Dans la serre, c'est 2 ares, car seule la couche supérieure de foin est  atteinte par les rayons du soleil. On voit donc que la quantité d'ultra-violets  reçue par le foin dans la serre est nettement moindre.

Une serre de 30 m sur 8,5 et 4,75 m de haut   permet de sécher  0,5 hectare à la fois. Un hectare à la fois peut paraître trop peu par rapport aux  capacités de récoltes actuelles. Mais avec une serre, il faut  acquérir une tout autre mentalité : au lieu d'une grosse fenaison,  il faut faire de nombreuses petites récoltes réparties sur toute  la belle saison. D'ailleurs, les fermiers  qui disposent d'une grosse installation de séchage en grange avec déshumidificateur  et des cellules où le foin monte à 7 mètres, sont également  obligés de faire de nombreuses petites récoltes car ils sont limités  par la surface de leurs cellules dans lesquelles ils ne peuvent apporter qu'une  couche de 1  mètre de hauteur. Si ces fermiers récoltent   20 hectares de foin par an, ils ne peuvent faire que 1 mètre / 7 mètres  * 20  hectares à la fois, soit 3 hectares. Si nous avons  3 serres  de 30 m * 8,5 m, nous atteignons la même performance pour un investissement  beaucoup moins important.

Si dans les séchoirs en grange, le foin monte à 7 mètres,  c'est pour garantir que l'air soit bien réparti sur toute la surface du  séchoir. Si on n'y met qu'une faible couche, il y aurait des endroits  avec peu de foin par où tout l'air passerait et court-circuiterait les  couches plus denses. C'est pour garantir cette étanchéité  que la première couche à sécher dans un séchoir  en grange doit être plus importante : 2 mètres au lieu de 1 mètre  pour les couches suivantes.

Il est nécessaire de ventiler la serre afin d'évacuer l'humidité  qui s'est évaporée du foin. Nous pouvons utiliser pour cela le ventilateur  Sovelor vmo600.  Mais le  mieux avec des serres de 8 m de large  est de soulever le bord inférieur de la couverture en plastique de la  serre. Cela suffit pour bien ventiler et un ventilateur n'est alors plus nécessaire.

Dans le commerce, on trouve des ventilateurs aux performances très  divergentes. Ainsi, le ventilateur Sovelor vmo600 consomme 180 W d'électricité  tandis que d'autres, pour le même débit d'air, consomment plus  de 900 W.

Le fermier doit avoir prévu 2 jours de beau temps d'après les  annonces météorologiques entendues sur les médias.

Le ventilateur Sovelor a un débit maximum  de 11.750 m³/heure. Le volume de la serre est 30 m long * 8,5 m large *  +/- 3,75 m haut = 1.000 m³. Avec ce débit de 11.750 m³/heure,  l'air de la serre est renouvelé 11 fois par heure.

Si on observe la rue entre deux averses, on constate que les pavés  sèchent assez rapidement alors qu'il fait encore couvert ou que cela  se passe la nuit. Donc, même sans soleil, il est possible  de sécher avec la serre. Nous le verrons plus loin dans le chapitre où  je parle de mon expérience personnelle. Donc, par temps couvert , il faudra continuer  de ventiler et à retourner le foin 4 ou 6 fois par jour avec une petite  faneuse. Et la nuit, il est indiqué de laisser tourner les ventilateurs.

Faire tourner le ventilateur Sovelor à grande vitesse  ne demande  que 180 W. C'est excessivement peu comparé aux ventilateurs des séchoirs  en grange où l'air doit pouvoir traverser le foin sur une hauteur de  7 mètres. Dans ces séchoirs, la puissance électrique nécessaire  pour faire tourner les ventilateurs est souvent quelque chose comme 18 kW. A  comparer avec nos 3 ventilateurs (puisque 3 serres permettent d'avoir la même  quantité de foin séchée), donc 540 W au lieu de 18.000  W, soit 33 fois moins. Imaginez combien nous ne devrons pas payer d'électricité.

Un fermier du Poitou-Charente utilisant un séchoir en grange dit commencer  ses fenaisons le 25 avril et revenir ensuite sur la même parcelle toutes  les 6 semaines : https://www.youtube.com/watch?v=y-QH_uLBPJc

Dans notre vidéo   https://www.youtube.com/watch?v=pmEh3H3u998&t=278s  nous  avons appris qu'en ne mettant pas trop de foin dans la serre, on  pouvait y déposer 6 kg foin sec / m². Dans cette vidéo, on  ne voit pas de ventilateur. Marc a pu s'en passer parce qu'il a relevé  les bords inférieurs de la couverture en plastique.

Dans une serre de 8 m * 30  m, nous pouvons donc déposer 1.500 kg de foin sec ou 50 ares fournissant  une coupe de 3.000 kg foin sec / hectare.  Si nous séchons 2 fois par  semaine avec 2,5 jours de séchage dans la serre, pendant les 23 semaines que  dure la belle saison,  nous pouvons sécher 1.500 kg * 2 fois par semaine * 23 semaines = 70.000 kg de foin par an ou la production annuelle  de 7 hectares produisant 10.000 kg foin sec/an. Dans notre vidéo, nous  indiquons que nous avons eu besoin de 2 jours  pour sécher, mais  cela se faisait fin septembre. En été et avec une bonne ventilation,  un jour suffira probablement.Ceci dans une seule serre. Avec 3 serres, nous pouvons récolter  21 hectares par an.

Six semaines après la première coupe, nous faisons une seconde  coupe. Nous sommes en juin et l'herbe est jeune et riche, tandis que faire les  foins traditionnellement à cette époque se fait avec de l'herbe,  dont  ce sera la première coupe, et  qui a perdu beaucoup de sa valeur. Avec la serre, nous pouvons donc sécher  de l'herbe de qualité entièrement sur la prairie en juin. Il est  donc possible de faire simultanément fenaison classique et séchage  dans la serre, ce qui permet d'augmenter la quantité récoltée  annuellement.

On reproche souvent au séchage en serre de n'être valable que  pour les très petites fermes. Ce n'est pas correct : j'ai trouvé sur internet  une ferme de 45 ha de prairies qui a un séchoir en grange industriel de 8 mètres  sur 40, soit 320 m² pour une surface récoltée annuellement  d'environ 20  hectares, et normalement, le séchage ne permet d'y déposer qu'une  couche de 1 mètre à la fois.  Trois serres qui mesurent 8 mètres sur 30 sèchent le même volume  que ce séchoir industriel de 8 * 40 m ou 320 m².

Nous avons supposé qu'il y avait un préfanage préalable  de 2 jours sur la prairie. On pourrait envisager de faire une coupe et de la  placer directement dans la serre.Voici un éleveur suisse  qui fait ainsi :

J’ai trouvé de très intéressantes vidéos de la  Fugea (Belgique) sur Youtube dans lesquelles on parle d’autonomie fourragère  et du pâturage tournant, notamment https://www.youtube.com/watch?v=78Y3Pdm9otA&t=28s

On y apprend qu’il faut tenir 1 vache / are / jour pour que le pâturage  tournant soit optimal.

Nos 3 serres de 30 m * 8 m devraient permettre de récolter 20 ha de foin par an. Cela correspond grosso  modo à une ferme de 40 vaches.

40 vaches dans le pâturage tournant occuperont 40 vaches * 1 are/vache/jour  * 7 jours/semaine = 2,80 hectares broutés en 1 semaine.

Or, nos 3 serres permettent normalement de faire 2,5 séchages/semaine  ou 2,5 séchages * 3 serres * 50 ares/serre = 3,75 hectares/semaine

Nous voyons donc que nous avançons dans les parcelles plus vite qu’en pâturage tournant. Cela signifie que  l’herbe que nous récolterons est de la même qualité  que l'herbe fraîche que les vaches mangent dans la prairie lorsque celle-ci est bien gérée.
En effet, on peut se demander si l’herbe que nous séchons dans les 3  serres sera toujours jeune, donc de bonne qualité, puisque nous ne  pouvons  récolter que 1,5 ha à la fois, ce qui prolonge la saison des  foins. Si nous commençons, fin avril, à raison de 5 hectares par  semaine, nous avons besoin de 4 semaines pour faire un premier tour sur  les  20 hectares de  prairies. Nous terminons donc ce cycle fin mai, lorsque  toutes les herbes vont arriver en épis ou en fleurs. Mais comme nous faisons mieux qu’un pâturage  tournant bien au  point, je crois que nous pouvons être rassurés.

Dans une vidéo française, on insiste sur le déprimage  https://www.youtube.com/watch?v=nEnpl6qO53E  Le déprimage permet de ne pas être dépassé par la  pousse de l’herbe fin mai.

La serre a un volume de 1.000 m³ et le ventilateur consomme 180 W.  Pour une coupe de 1.500 kg de foin par 1/2 hectare, pour l'année 2019, le ventilateur  consommera donc  0,180 kW * 24 heures * 2 jours * 0.25 €/kWh  frais d'électricité = 2,16 €. Si nous avons 20 hectares à  récolter par an qui produisent annuellement 10.000 kg de foin, le coût  annuel du séchage serait de 2,16 € * 20 * 10.000 / 1.500 = 288 €, soit  2,16  /1.500 = 0,00144 € par kg foin. Exprimons cela en énergie. 1.500 kg foin  ont besoin de 0,18 kW * 24 heures * 2 jours = 8,64 kWh.   20 ha donnant  10.000 kg foin/an consommeront donc 1.152 kWh. Ceci si nous ventilons en permanence  pendant 24 heures par jour.

Hangar séchoir - Serres en verre de 5  mètres de haut.

Une serre en verre de 5 m de haut coûte beaucoup plus cher que 2 grandes  serres tunnel,  mais  cela reste malgré tout nettement moins cher qu'un séchoir en grange.  En effet, une grande serre en verre de 30 m * 16 m * 5 m coûte 115.000 € en  2019 (133.000 € en polycarbonate) contre 250.000  € pour un petit séchoir en grange. De plus, l'électricité consommée  par une serre en un an est d'environ 144 € si on  ventile nuit et jour tandis qu'un séchoir en  grange de même capacité consommera pour 6.000 € d'électricité  par an pour son ventilateur et encore 6.000 € pour le déshumidificateur.

Mais un grand bâtiment qui peut servir de séchoir à foin  et qui est moins coûteux est un hangar fermé recouvert avec des  tôles noir foncé (RAL 9005) avec quelques plaques translucides dans  le toit et le bardage côté Sud et don't les dimensions sont 30  m long * 24 m large * 5 m haut. Deux tôles seront absentes dans le bardage  dans le pignon face à la porte.On déposera deux ventilateurs à  l'intérieur du hangar devant ces trous et on  laissera la porte ouverte  sur 1 mètre de largeur. Ce hangar coûte 60.000 à 90.000 € hors TVA.  Avec ce hangar, la plupart des fermiers ne doivent pas acheter de machines.  Les machines qu'ils utilisent pour faire la fenaison sur la prairie conviennent  très bien pour travailler dans le hangar. De plus, un hangar  convient mieux qu'une serre pour installer un pont roulant pour éventuellement  automatiser le retournement du foin.

On peut se demander quelle doit être l'épaisseur de la couche  d'herbe à déposer dans le hangar. Cette épaisseur n'a aucune importance. En effet, c'est la couche supérieure,  celle en contact avec l'air libre qui va sécher, qu'il y ait beaucoup  de fourrage ou très  peu de fourrage en dessous. De toute façon,  en dessous, cela ne séche pas très bien. Autrement dit, peu importe  l'eau qui reste à évaporer en dessous, elle n'influence pas le  séchage qui se déroule en surface. L'air ventilé sera donc  toujours suffisant, quelle que soit la quantité de foin mis à  sécher dans le hangar.

Ce qui nous permet d'envisager d'entasser 60 cm de haut sans hésitation.  Mais il faut que les machines puissent absorber pareille quantité  de fourrage. Si notre façon de faire du foin devient populaire, il se peut  que les constructeurs créent des machines spécialement conçues  pour les séchage en serre ou en hangar.

Si un premier séchage du foin est réalisé le 25 avril  et qu'ensuite, la même parcelle est fauchée toutes les 6 semaines  pendant 23 semaines et qu'un séchage dans la serre dure 2,5 jours, un  fermier pourra sécher 190.000 kg de foin/an ou 19 hectares. Si le séchage  dure 1 jour et qu'il peut se faire 4 fois/semaine, ce fermier pourra sécher  384.000 kg de foin/an ou 38 hectares. L'expérience nous dira ce qui est  possible.

Expérience personnelle

J'avais fait du foin avec du chiendent le 10 mai 2019 sans préfaner et le foin était  sec en 4jours, don't 2 nuageux et 2 ensoleillés.
Pendant les 4 jours,  il n'avait pas plu.

Fin septembre, le mercredi 30/9/2020, à midi, après quelques  jours de pluie, il  y avait du soleil. J'ai récolté un peu  de chiendent et l'ai mis à sécher sans préfaner dans ma  petite serre. L'herbe était verte mais pas mouillée. Jeudi et  vendredi, il y avait une alternance de pluie et d'accalmies, mais le temps est  resté couvert. Le samedi après-midi, il y avait du soleil. Et  le dimanche vers midi, l'herbe était sèche.Le ventilateur a tourné  en permanence. Il aura donc à nouveau fallu 4 jours pour sécher  sans préfanage.

A la mi-octobre 2020, j'ai fait un autre essai de séchage de foin dans ma petite serre  en faisant un petit tas avec du ray-grass. Je n'ai pas vu de différence  avec le chiendent que j'utilise d'habitude. Pourtant, le ray-grass est réputé  difficile à sécher. Mais dans la serre ou le hangar, il ne formera  pas de galettes imperméables au courant d'air de séchage comme  cela se passe dans les séchoirs en grange où on apporte un mètre  de fourrage à sécher à la fois pour ne plus y toucher  ensuite. Dans la serre ou le hangar, le fourrage est régulièrement  et entièrement retourné. Il ne peut se former de galettes.

J'avais commencé le vendredi 16/10. Le temps était  nuageux à couvert sans pluie. Il y avait 10 °C à l'extérieur.  Le samedi, le temps est couvert et un peu brumeux. Il y a 17 °C dans la  serre. Dans la nuit de samedi à dimanche, il pleut. Dimanche matin, il  fait brumeux. Cela ne sèche pas bien, mais mieux l'après-midi.  Lundi, il y a du soleil à partir de 11 heures. Le soir, le foin a bien  séché mais il est encore très souple. Cela signifie qu'il  n'est pas sec. Mardi, il pleut. Mercredi 21/10, il y a du soleil à partir  de 10 heures avec 20 °C à l'extérieur et 28 °C dans la  serre. A 15 heures, le foin est sec car il est cassant. Il aura donc fallu 6 jours pour sécher de l'herbe verte qui n'a pas  été préfanée. Cela montre que, quand le temps est  sec, quelle que soit la température et même sans soleil, cela sèche.  Par contre, si le temps est brumeux  ou que la pluie tombe, cela ne sèche  pas. Cela semble évident, mais on pouvait avoir des doutes quant à  pouvoir sécher du foin fin octobre.  Notez que les séchage  avec réchauffement de l'air sous le toit connaît les mêmes  exigences climatiques que notre séchoir en serre ou en grange. Quand  il fait couvert, cela ne sèche pas très bien, et quand il y a  du soleil, le séchage redémarre.L'avantage d'une serre est sa  bonne réactivité : une éclaircie suffit pour relancer le  séchage.

Sécher dans la serre sans préfaner semble donc possible, même  si la durée de séchage est un peu plus longue. En automne, c'est  même nécessaire, car avec le temps que nous avons connu, il n'est  pas possible de préfaner. Faire de l'ensilage n'aurait donc pas été  possible sinon avec de l'herbe verte, ce qui, je crois, nécessite l'usage  de correcteurs comme de l'acide par exemple. Et j'ignore si les bonnes bactéries  dans un nouveau silo font bien leur travail fin octobre. Par contre, ma petite expérience  montre qu'il est possible de faire du foin. Notez qu'en été, il  est peut-être plus facile de retourner le foin sur la prairie que dans  la serre. Car finalement, le nombre de passage avec la pirouette est le même,  puisque quand on ne retourne pas le foin sur la prairie, il faut le retourner  dans la serre ou le hangar. Le nombre d'opérations, et donc le travail,  doit être sensiblement le même. Par contre, le nombre de kilomètres  parcourus est sensiblement réduit dans la serre ou le hangar et conduit  à des économies de carburant.

En résumé :

La façon de travailler avec une serre à foin est différente  de ce qu'on fait actuellement. Actuellement, la tendance est à l'agrandissement  des machines de récolte pour pouvoir faire des dizaines d'hectares en  une seule fois, en profitant d'une période assez longue de beau temps.  Avec la serre à foin, il faut faire de plus petites récoltes,  mais plus fréquentes, car on est limité par la taille des  serres. Ainsi, on peut récolter depuis début mai lorsque  l'herbe est très riche et ce malgré un temps encore très  variable et frais et terminer les fenaisons fin septembre. Le seul inconvénient est que le fourrage  est très digeste, que le transit intestinal chez les ruminants est plus  rapide, ce qui se traduira par une baisse du taux de matières grasses  dans le lait. De même, ce foin est trop riche pour les chevaux. Il y a  moyen de le corriger en récoltant de façon plus tardive.

On peut se demander si le soleil ne détruit pas les vitamines du foin  dans la serre. Dans une serre de 2 ares, on peut mettre le foin de 100 ares  ou 1 hectare. Quand on sèche entièrement sur la prairie, le foin  est exposé à 50 fois plus de soleil que dans la serre. Et dans  la serre, seule la couche supérieure du foin est en contact avec les  rayons du soleil. Ne nous faisons pas de souci pour les vitamines.
Avec le séchage en serre, on peut faire une première récolte  fin avril - début mai. L'herbe est très jeune à ce moment  et est pleine de protéine. Six semaines, plus tard, donc à la  mi-juin, nous pourrions refaire une coupe sur cette parcelle, qui va donner  également une herbe très jeune  puisque nous y avons déjà  récolté une première fois. Pour accélerer le rythme  des récoltes, nous pourrions faner entièrement sur cette parcelle,  sans utiliser la serre pendant qu'une autre parcelle sera séchée  dans la serre. Cela donnerait un foin qui contient autant de protéine  qu'un ensilage. D'habitude, les foins récoltés en juin sont de  qualité médiocre parce que coupés beaucoup trop tard, lorsque  la floraison est déja dépassée. Mais grâce à  la serre, nous pouvons éviter cet inconvénient et faner entièrement  sur la prairie.

J'utilise ce séchoir à foin avec une serre, mais à une  échelle minuscule, car je suis pensionné et je tiens six gentilles  brebis. La serre mesure 4 m * 3 m, et je dois retourner le foin à la  main. J'en suis très satisfait. Ma seule difficulté est de retourner  le foin convenablement. En 2019, j'ai fait du foin dans cette  serre le 10 mai. Le séchage s'est déroulé en 4 jours sans  fanage au sol. Le fourrage était composé de beaucoup de chiendent.  Il y avait 15 °C à l'extérieur mais 31 °C dans la serre.  En 6 ans, je n'ai jamais raté un séchage.

En voici une photo de mon séchoir en serre:

                               
Déshumidificateur

Dans la photo ci-dessus, on voit le ventilateur devant des clapets de hotte de cuisine. L'appareil  blanc au-dessus du ventilateur est un déshumidificateur de caves De Longhi  qui fonctionne également très bien. Il fonctionne avec une pompe  à chaleur. Il absorbe idéalement  (à 30 °C)  25 litres d'eau par 24 heures et a une puissance  de 400 W. Comme pour faire 1 kg foin à partir d'un préfané  à 40 % d'humidité, il faut enlever 0,4 kilo d'eau, cela signifie  que pour sécher avec ce genre d'appareil 3.000 kg, soit une coupe d'un  hectare, il faut payer comme électricité :

25 litres / 24 heures * 0,4 kW * 1.200 kg eau à enlever  de 3.000 kg foin * 0,25 €/kWh = 125 € pour sécher un hectare en une coupe  de 3.000 kg foin sec. Le déshumidificateur est donc un bonne méthode  pour sécher le foin nuit et jour, puisque cela coûte 4,15 €cent/kg  foin. Ce n'est pas beaucoup, mais si on fait 10000 kg foin / hectare / an sur 20 hectares,  cela fait la somme de 8.300 €, rien que pour le déshumidificateur. Dans une ferme autrichienne de 30 hectares,  le  déshumidificateur et le ventilateur ont, ensemble, une puissance de 28 kW.  Le ventilateur seul a une puissance de 15 kW pour pouvoir traverser 7 m de fourrage,  sec en dessous et humide au-dessus. Avec un déshumidificateur,  c'est malgré tout plus cher que ma serre  qui utilise deux ventilateurs hélicoïdaux  de plus faible puissance (144 € pour 20 hectares). Mais ne parlons  pas argent, mais uniquement énergie: 25 litres / 24 heures * 0,4 kW revient  à dire que pour enlever 1 kg eau, il faut utiliser 0,39 kWh. Cela se  retrouve dans la documentation des grands séchoirs en grange industriels.  1.200 kg eau * 10.000 kg foin/ha / 3.000 kg foin *0.39 kWh/kg eau * 20 ha =  31.200 kWh dépensé annuellement sur la ferme. Dans la ferme autrichienne,  le ventilateur a environ la même puissance que le déshumidificateur.  On peut donc supposer que la dépense annuelle dans cette ferme approche  les 60.000 kWh.  Ce n'est donc pas écologiquement très responsable.  Et le séchage avec déshumidificateur est encore une solution assez  économe. Ne parlons pas des séchoirs qu'on installe encore actuellement  et qui sont chauffés au mazout !
On peut comparer ces 60.000 kWh  aux 576 kWh. que nécessite la ventilation des serres à foin,  et ce, pour la même quantité de foin séché.

Vous pouvez trouver un très intéressant document canadien au  sujet des déshumidificateurs dans :  https://www.agrinova.qc.ca/wp-content/uploads/2016/09/Fiche_Sechage_foin_Agrinova_2oct2014.pdf      On y cite une ferme qui sèche 700 tonnes de foin  par an en utilisant 165.000 kWh dans un séchoir qui a coûté  1.000.000 $ et don't le déshumidificateur a une puissance de 48 kW. Au  prix de l'électricité en Belgique, la dépense annuelle  en énergie serait de 165.000 kWh * 0,25 €/kWh = 40.000 €. Ce déshumidificateur  enlève 36 kg eau / kW / jour. 1 kWh permet donc d'extraire 36/24 = 1,5  kg eau alors que, idéalement, un déshumidificateur extrait 25 kg eau en 24 heures  avec une puissance de 0,4 kW, ce qui revient donc à 25 / 24 / 0,4 = 2,6  kg eau. On voit donc une différence importante entre ces 2,6 kg et les  1,5 kg eau extraits en réalité.

Ce document canadien parle aussi de poches compactes de fourrages qui se  créent dans les séchoirs en grange que l'air de ventilation contourne  sans y pénétrer.Comme dans les serres, le foin est retourné  régulièrement avec un aérateur d'andains ou autre, des galettes  compactes ne peuvent exister.

Avec un préfané à 40 % d'hu midité, 1.000 kg de  foin demandent d'enlever 400 kg d'eau, et comme enlever 25 kg eau exige 24 heures  * 0,4 kW ou 9,6 kWh, soit 9,6/25 = 0,384 kWh / kg eau, on en déduit que  1 tonne de foin demandent 400 * 0.384 = 153 kWh.
Ce qui est caractéristique avec les déshumidificateurs, c'est  que les petits modèles de caves pour particuliers ont la même capacité  d'absorption de l'eau que les gros appareils industriels : 25 litres d'eau évacués  en 24 heures en utilisant une machine don't la puissance est 400 W ou 0,39 kWh / kg eau.

Il ne faut pas perdre de vue que ces chiffres sont valables pour des conditions  idéales : température de 30 °C  et une humidité relative  de 70 %. Un constructeur donne la capacité d'absorption à différentes  températures, pour un déshumidificateur de 20 kW :

30 °C    60 % humidité   760 litres enlevés  en 24 heures.
27 °C    60 % humidité   680 litres enlevés  en 24 heures.
20 °C    60 % humidité   501 litres enlevés  en 24 heures.

On voit donc que si la température est inférieure à  30 °C, la machine est beaucoup moins efficace. Il faut aussi savoir que  si la température dépasse 32 °C, la machine ne fonctionne  plus car la température ambiante est plus haute que l'échangeur  de chaleur qui doit lui fournir de la chaleur. La chaleur se transmet d'une  surface chaude vers une surface froide, pas l'inverse. De même, si l'humidité  de l'air descend sous 40 %, le déshumidificateur ne fonctionne plus bien.  Donc, en fin de séchage, celui-ci coûtera plus cher.

Si un déshumidificateur de 20 kW travaille dans des conditions idéales,  il devrait pouvoir extraire en 24 heures : 25 litres / 0,4 kWh/kg eau * 20 kW  = 1.282 kg eau. Or, au mieux, il enlève 760 kg eau. Et on voit que la  marge est importante.

Comparons un séchoir en grange avec déshumidificateur avec  notre serre à foin. Si les cellules du séchoir en grange ont 8  m large et 40 m long et qu'on y dépose 1 m d'épaisseur de fourrage,  on a déposé 320 m³ de fourrage. Si on a 2 serres de 8 m large  et 30 m long et qu'on y dépose 40 cm de fourrage, on a 196 m³. Si la densité du foin dans le séchoir  en grange est de 50 kg/m³, le poids de foin d'une couche de 1 m sera de  16.000 kg de foin qui contient, s'il est rentré à 40 % d'humidité,  0,4 kg eau/kg foin * 16.000 kg foin = 6.400 kg eau. Avec un déshumidificateur  d'une puissance de 15 kW, comme nous savons qu'il a besoin de 0,39 kWh / kg  eau enlevée, il aura besoin de 6,400 kg eau * 0,39 kWh / kg eau enlevée  =   2496 kWh. Le déshumidificateur fonctionne en permanence. En 24 heures,  il a consommé : 15 kW * 24 heures = 360 kWh. Pour sécher 16.000  kg foin sec, il aura besoin de 2496 / 360 = 7 jours. Et dire que le déshumidificateur  consomme 0,39 kWh / kg eau enlevée est un idéal don't on s'écarte  assez bien comme nous l'avons vu..Par contre, la serre de 30 m * 8,5 m * 4,75 m  sèche1.460 kg foin / jour, comme nous l'avons vu plus haut. Deux serres  sèchent 2.920 kg par jour et 16.000 kg de foin sont séchés  par les 2 serres en 5 jours, ou ramené au même volume de foin  5 * 320 / 196 = 8 jours dans la serre, à comparer avec les 7 jours du déshumidificateur  qui a consommé pour cela 7 jours * 24 heures *15 kW = . 2.500 kWh voire  5.000 kWh si on tient compte de la consommation du ventilateur, alors  que les 2 serres ont employé pour leur ventilateurs 2 serres * 5 jours  * 8 heures * 0,18 kW = 14,4 kWh. fin de § supprimée

Continuons à rêver de déshumidificateurs. Supposons qu'un  fermier bricoleur en installe plusieurs dans un local qui doit être totalement  fermé et isolé thermiquement pour conserver jour et nuit une température  entre 25 et 30 °C. Ce local pourra éventuellement être chauffé  jusque 25 °C au préalable afin que le déshumidificateur travaille  à sa température optimum. Il ne faut certainement pas dépasser  30 °C sinon la pompe à chaleur ne fonctionne plus, puisque sa paroi  chaude est plus froide que l'ambiance qui doit absorber sa chaleur. Pour 4.000  kg foin sec, il faut enlever 1.600 kg d'eau, supposons en 3 jours, nuit et jour,  soit 500 kg eau par jour. Mais dans une ferme pas trop grande, on sèche  3 hectares à la fois.  Comme les déshumidificateurs enlèvent  25 kg par jour, il en faudrait 20 par hectare et 60 pour 3 hectares. Le mien, TVA comprise et une seule pièce  au détail coûtait 400 €. Hors TVA et avec un prix moindre pour une plus grande  quantité, cela ne devrait plus coûter  que 250 € pièce, soit 15.000 € pour  les 60 appareils, alors que j'ai lu dans la presse agricole qu'un déshumidificateur  pour séchoir à foin coûte au minimum 65.000 €, donc pour  un petit modèle. Cherchez l'erreur.   

Une chose dont les agriculteurs qui veulent s'équiper d'un déshumidificateur  ne peuvent perdre de vue, est que les frais d'électricité augmentent  très fort lorsque l'herbe est très humide. Nous pouvons le chiffrer  :

Voici quelques taux d'humidité de l'herbe et la quantité d'eau  qui y correspond quand on a chaque fois 1 kg de MS matière sèche,  avec un prix de l'électricité de 4,15 €cent/kg  foin si le préfané a un taux d'humidité de  40 %.
16 % d'humidité :       0,19 kg eau  pour 1 kg MS        prix 1 ha/an
20                             0.25                                          151  €
30                             0,43                                         260
40                            0,66                                          400
50                            1                                               606
60                            1,5                                             909
70                            2,33                                          1.412
80                             4                                             2.424
90                              9                                            5.454

Si l'herbe n'a pratiquement pas été fanée, elle contient  environ 80 % d'humidité et la sécher avec un déshumidificateur  coûterait 2.424 € par hectare et par an.

Si le fermier récolte 30 ha de cette façon, cela lui coûterait  72.720 €. Une petite fortune.

Et si l'herbe est mouillée, on se rapproche des 5.454 € par hectare  et par an.

Nous avions dit qu'une serre de 7 * 30 mètre peut extraire 584 kg  d'eau par jour de beau temps. De son côté, un déshumidificateur  avec pompe à chaleur enlève 25 kg d'eau en 24 heures pour une  puissance 0,4 kW. Donc, pour enlever 584 kg d'eau en 24 heures, il aura besoin d'une  puissance de 584 / 25 * 0,4 = 9,34 kW. Or, la ferme autrichienne avait un déshumidificateur  d'environ 13 kW. Donc, 1,4 serre a la même performance qu'un déshumidificateur  de 13 kW qu'on utilise dans une ferme de 28 hectares.

Autre exemple trouvé sur internet : un fermier sèche 142 tonnes  dans 3 cellules de 300 m³ chacune. L'ensemble de ces cellules a donc un  volume de 900 m³. Ces cellules ont 7 m de haut. La surface occupée  par les cellules est donc de 128 m². Le fermier dit mettre 3 hectares de  3.000 kg de foin dans 2 cellules d'une surface de 86 m². La densité  du foin est donc de 3 * 3.000 / 86 = 100 kg/m³. Si la récolte est  déposée sur la surface totale du séchoir (128 m²),  le poids de foin engrangé sera de 128 m² * 1 m hauteur du foin à  sécher * 100 kg/m³ = 12.800 kg. Nous avons calculé que si  le foin est rentré à 40 % d'humidité, il faut enlever 0,4  kg eau / kg foin. Dans ce séchoir en grange, il faudra donc enlever 12.800  kg foin * 0,4 kg eau/kg foin = 5.120 kg eau. Si cette ferme est équipée  d'un déshumidificateur, on a besoin de 0,39 kWh pour enlever 1 kg d'eau.  Pour enlever 5.120 kg eau, on aura besoin de 5.120 kg eau * 0,39 = 2.000 kWh.  Si la puissance du déshumidificateur est de 15 kW, en 24 heures il aura  consommé 15 * 24 = 360 kWh/jour, puisque un déshumidificateur  fonctionne 24 heures sur 24. Le séchoir en grange  aura donc besoin de 2.000 kWh / 360 kWh/jour = 5,5 jours pour sécher.Nous  savons que 2 serres sèchent en 2 jour -->  2 serres * 2 jours  * 1.460  kg/jour de foin dans les serres = 5.840 kg foin. En 5,5  jours, ces 2 serres sèchent donc=  5.840 kg foin * 5,5 / 2 = 16.000 kg  de foin au lieu des 12.800 kg dans le séchoir en grange . Deux serres de 30 m * 8,5 m  sont donc beaucoup plus performantes qu'un  séchoir avec un déshumidificateur de 15 kW puisque celui-ci ne  sèche que12.800 kg.dans le même laps de temps. Cependant, il faut  comparer des choses comparables car le déshumidificateur fonctionne en  continu, jour et nuit, indépendamment de la météo, tandis que la serre  fonctionne  principalement quand il y a du  soleil. Si  j'ai fait ce petit calcul, c'est pour montrer que les serres,  contrairement à ce que l'on pourrait penser, sont malgré tout  très efficaces et ne sont pas réservées à des hobby  farmers.

Avec la serre, l'herbe peut être mouillée : il suffit de  prolonger  le séchage de quelques jours. L'énergie solaire est gratuite.   J'ai déjà vécu ce  cas avec ma petite serre de 3 mètres sur 4 lorsqu'il avait plu sur l'herbe  coupée sur la prairie, et cela avait très bien séché.
La récolte sur la prairie est plus souple avec une serre qu'avec  un déshumidificateur car celui-ci exige qu'on entrepose un préfané  qui n'excède pas 40 % d'humidité, et donc de faner 2 jours, tandis qu'avec la serre, on  peut déjà y mettre une partie de la récolte qui est restée  sur la prairie beaucoup moins longtemps. On peut donc rentrer l'herbe dans la   serre beaucoup plus tôt et elle est alors à l'abri de la pluie  et sèchera dans la serre au lieu de sécher sur la prairie..Le  temps de récolte peut donc être élargi et elle peut se faire de façon plus  décontractée.

Le séchoir en serre est assez proche du séchoir en grange avec  réchauffement de l'air par le soleil sous la charpente de la grange.  Toutefois, la serre se réchauffe beaucoup plus vite lors une éclaircie  car, dans une grange, le soleil doit d'abord réchauffer tout le toit  qui est refroidi par l'eau s'évaporant à sa surface..

Dans le numéro de septembre 2019 de la revue Wallonie Elevages,  un article nous parle des Inno4Grass Awards.Un des  lauréats est  allemand, possède un séchoir en grange et avoue "Durant le mois de mai, la facture d'électricité  a grimpé de 8.000 €. Nous espérons limiter le surcoût du  séchage en grange à 10 cents par litre, un chiffre souvent annoncé."  Cette ferme de 200 hectares de prairies a 180 vaches laitières qui donnent  800.000 litres. Si le séchage en grange revient à 10 cents par  litre, celui-ci coûte donc par an : 800.000 litres *0,1 € = 80.000 € par  an. S'il utilisait 10 serres de 30 * 8,5 * 4,75 m et que les ventilateurs hélicoïdaux  de celles-ci sont alimentés par des panneaux  photovoltaïques  placés à proximité, cela leur coûterait 0 €. Ces  fermiers allemands vivront certainement pauvres et vont mourir riches car ils  sont au-delà des 10 cents.

On paie actuellement le lait à 0,37 € / kg. Les fermiers disent que  c'est nettement insuffisant. Alors, quand il faut encore enlever 10 cents pour  le séchoir, en réalité, on est payé 0,27 €  ...

Dans une ferme de cette taille, les vaches ne vont plus en prairie : un homme  n'est plus capable de guider un troupeau de 180 vaches. Il existe encore d'autres  raisons pour cela : si le fermier a une installation de biométhanisation  (coût : 2 millions de euros), ses vaches ne peuvent plus aller en prairies  car il a besoin de leurs déjections. De même, quand il y a un robot  de traite, les vaches doivent rester à proximité de celui-ci,  donc à l'étable.

Et quand tous nos agriculteurs seront pensionnés, qui aura les moyens  de reprendre des fermes aussi chères ? Peut-être des investisseurs  en bourse ou des fonds d'investissement. Seulement avec la rentabilité  actuelle du lait, cela m'étonnerait qu'ils s'intéressent à  des fermes laitières.

L'agriculture fortement mécanisée telle qu'on veut l'imposer  actuellement n'est possible que parce que l'énergie est bon marché.  Le tout est de savoir jusque quand ce modèle d'agriculture tiendra.

Cela fait réfléchir : quelle agriculture voulons-nous, quelle  genre de société voulons-nous ? Une société où  un fermier s'occupe de 1.000 vaches. Une société où très  peu de personnes ont du travail et les autres sont des sans-abris. Je préfère  alors ce petit agriculteur breton qui a 8 très petites vaches bretonnes  sur 7 hectares qui n'a aucun souci financier et aucune dette. Lui et sa famille  sont parfaitement  heureux : https://www.youtube.com/watch?v=Bw1N_z3sLXk     et     https://www.youtube.com/watch?v=ihZHxe_J7m4

Dans un documentaire vu à la télévision, la RTBF nous  dit qu'en Belgique, en 2017, 40 % des agriculteurs gagnent moins que 1.000 €  par mois. Combien gagnerait un très petit éleveur ? Prenons un  agriculteur qui n'a que 10 vaches Blanc Bleu Belge mixtes (à  double  fin : viande et lait). Les veaux étant de bonne conformation, leur vente  couvre les frais de cette minuscule ferme. Ces vaches donnent 4.000 litres de  lait par an, alors qu'une Holstein en donne 8.000. Ce fermier peut faire de  la vente directe; sa production limitée le permet. S'il vend son lait  à 0,75 € le litre, autrement dit 7,5 € le kg de fromage à pâte  dure, ce qui est dérisoire, ses dix vaches lui rapportent 10 vaches *  4.000 litres * 0,75 €/litre = 30.000 €/an. Par mois, cela lui rapporte 2.500  €.. C'est beaucoup mieux que les pas toujours atteints 1.000 € de la RTBF.

Cela démontre bien l'impasse dans laquelle nos dirigeants politiques  au sein de l'Union Européenne et les banques nous conduisent.
C'est une  fuite en avant pour  devenir de  plus en plus grand afin de toucher de  plus en plus de primes, puisque celles-ci sont allouées par hectare cultivé.

Le séchage en grange ou en serre est surtout intéressant avec  des races de vaches qui ne sont pas hyperspécialisées en lait,  comme les races mixtes par exemple.  Avec ces races, on ne doit plus acheter  de compléments protéiniques comme le soja, tandis qu'avec les  races très performantes comme la Holstein, il faudra toujours acheter  des compléments, ce qui réduit l'intérêt du séchage  en grange ou en serre.

Un fermier "normal" pensera qu'une vache qui donne 8.000 litres  par an rapporte deux fois plus qu'une vache qui en produit 4.000. Il n'en est  rien, Elle rapportent toutes les deux environ la même chose par hectare  puisque, ce qui est déterminant, c'est la quantité de nourriture  don't on dispose. En effet, une vache qui produit moins doit manger moins, c'est  les tables d'alimentation qui nous le disent. Donc, on peut tenir plus de vaches  qui produisent moins de lait sur le même hectare. Ce qui fait que la quantité  de lait par hectare se rapproche déjà de celle des races spécialisées.  Ces vaches, si elles sont de race à double fin, donneront plus de veaux  de meilleure qualité. Finalement, avec le bétail deux fins, le  revenu est presque le même qu'avec une race spécialisée,  mais on doit s'occuper de plus de bêtes, mais des bêtes plus faciles  à soigner..

D'ailleurs, la race laitière la plus populaire au monde après  la Holstein est la Jersiaise, une toute petite vache qui ne donne que 3.500  à 4.000 litres par an. Mais sa popularité atteste qu'elle est très  rentable.

Le séchage de foin en serre est particulièrement bien adapté  dans les fermes où on utilise la traction chevaline. Dans 2 serres, on  ne récolte que 2 hectares à la fois, ce que peut facilement faire  une paire de chevaux. Néanmoins, comme cela se répète tout  au long de la saison, il est possible de récolter 20 ha avec 2 serres.  Ces 20 hectares de foin sont destinés à la nourriture hivernale.  Normalement, dans cette ferme, il y aura également 20 hectares à  pâturer en été. Avec 2 chevaux, on peut donc faire tourner  une ferme de 40 hectares. Et avec 4 chevaux, nous pourrions gérer une  ferme de 80 hectares !
Vous direz que je suis très "Martine à la ferme"  et vous avez raison, mais je préfère cela à un camp de  concentration pour vaches.

Le lait de foin : un délice !
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